Lorsqu’un homme apprend qu’il a un cancer, c’est toute sa vie qui bascule. Le choc de l’annonce, les traitements, les effets secondaires, l’impact sur la vie intime et professionnelle… tout change. Et pourtant, ce dont on parle le moins, c’est du poids psychologique que cela représente. Beaucoup d’hommes préfèrent taire leurs émotions, éviter les discussions difficiles ou faire semblant d’aller bien. Mais pourquoi ce silence ? Et comment peut-on apprendre à parler de sa maladie, pour mieux la traverser ?
Un silence ancré dans les habitudes
Dans notre société, les hommes ont longtemps été éduqués à « rester forts », à ne pas montrer leurs failles. Pleurer, dire qu’on a peur, exprimer sa douleur : autant d’attitudes parfois perçues comme des signes de faiblesse. Ce conditionnement culturel peut pousser les hommes atteints de cancer à garder pour eux leur souffrance, même lorsque celle-ci devient difficile à supporter.
Ce silence peut avoir des conséquences importantes. Les hommes atteints de cancer ressentent souvent de la peur, de la honte, de la colère ou un profond sentiment de perte. Mais sans espace pour exprimer ces émotions, le risque de stress chronique, de dépression ou d’isolement augmente considérablement.
Parler, c’est se soigner
Mettre des mots sur ce que l’on vit n’est pas une faiblesse. C’est un outil thérapeutique puissant. Parler permet de soulager la pression mentale, de mieux comprendre ce qui se passe en soi, et de se sentir moins seul. Lorsqu’un homme ose dire qu’il a peur, qu’il se sent vulnérable ou qu’il ne reconnaît plus son corps, il fait un pas essentiel vers la guérison émotionnelle.
La parole ouvre aussi la porte au soutien de l’entourage. Comment les proches peuvent-ils aider si l’homme malade cache sa souffrance ? En partageant ses difficultés, on donne à l’autre la possibilité d’être présent, d’apporter un réconfort ou un simple geste d’écoute.
À qui peut-on parler ?
Parler de son cancer ne signifie pas forcément tout raconter, ni à tout le monde. Il s’agit d’abord de trouver les personnes avec qui on se sent en confiance.
Cela peut être un médecin, un infirmier, un psychologue, un ami proche, un membre de la famille ou même un inconnu dans un groupe de parole. L’essentiel est de choisir un interlocuteur qui écoute sans juger, et qui respecte le rythme de chacun.
Les soins de support proposés dans le cadre de la prise en charge à Oncogard incluent un accompagnement psychologique spécifique. Ces consultations sont prises en charge et peuvent s’avérer très bénéfiques pour exprimer ce que l’on n’arrive pas à dire ailleurs.
Commencer à parler, même un peu
Beaucoup d’hommes hésitent à franchir le pas, surtout s’ils n’ont pas l’habitude de parler de leurs émotions. Il n’est pas nécessaire de tout dire d’un coup. Parfois, quelques mots suffisent pour ouvrir la discussion : « Je ne me sens pas très bien aujourd’hui », « J’ai du mal à gérer cette étape », ou simplement « J’aurais besoin d’en parler ». Ces petites phrases peuvent marquer le début d’un changement important.
Si parler semble trop difficile, d’autres formes d’expression peuvent aider : écrire un journal, enregistrer un message vocal, participer à un forum en ligne… Ces moyens permettent de prendre du recul sur ce que l’on ressent avant de le partager de vive voix.
Après les traitements : continuer à exprimer ce que l’on vit
La fin des traitements ne marque pas toujours la fin des difficultés. Beaucoup d’hommes témoignent d’un sentiment de vide, d’angoisses persistantes ou de difficultés à reprendre leur vie professionnelle et sociale. Il est essentiel de continuer à parler après la maladie, pour ne pas laisser le mal-être s’installer.
Comme le souligne l’Institut national du cancer, le suivi post-traitement doit inclure une attention à la santé mentale. Des consultations de soutien psychologique peuvent également vous être proposées par votre Oncologue en partenariat avec La Ligue pour accompagner ce retour à la vie « normale », qui est en réalité une nouvelle étape à apprivoiser.
Briser les tabous, c’est ouvrir la voie à d’autres
En osant parler de leur cancer, les hommes ne se font pas seulement du bien à eux-mêmes. Ils ouvrent la voie à d’autres, qui n’osent pas encore. Ils montrent qu’il est possible d’être malade, inquiet, fatigué, triste, et malgré tout courageux. Car le vrai courage, ce n’est pas de tout supporter en silence, mais d’avoir l’honnêteté de dire : « J’ai besoin d’aide », « Je traverse une période difficile », « J’aimerais qu’on m’écoute ».
Briser les tabous autour du cancer masculin, c’est faire évoluer notre regard collectif sur la maladie, et permettre à chaque homme de vivre son parcours avec plus de sérénité, de dignité et de soutien.
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À tout moment pendant votre prise en charge, n’hésitez pas à en parler à votre oncologue. Il ou elle pourra vous orienter vers des professionnels disponibles pour vous écouter, vous soutenir et vous accompagner.